Le libéralisme
Mer 1 Nov - 21:07
Les valeurs rattachées au libéralisme sont celles de la concurrence, de la compétition, de l’individualisme. Je ne pense pas me tromper en disant que pour nous, ces valeurs ne nous font pas rêver et qu’au contraire, nous sommes plus sensibles à des valeurs telles que la solidarité et le partage.
Cependant, le libéralisme est jugé comme étant la seule solution permettant la pleine efficacité de notre économie. Seules la concurrence et la compétition entre les individus permettrait l’innovation, le progrès et la croissance tant recherchée. Je pense que nous devons essayer de réfléchir à un autre modèle qui permet l’efficacité, le progrès, le bien-être, sans que les individus soient systématiquement mis en compétition, sans que les uns doivent écraser les autres pour réussir, et donc sans avoir quelques gagnants et beaucoup de perdants.
Bien que l’on puisse se poser la question de la pertinence de l’objectif « toujours plus de croissance » (qui peut faire l’objet d’un autre sujet), je pense que les innovations sont sources de prospérité, que ce soit dans la médecine, la communication,etc. La question n’est donc pas de remettre en cause le progrès technique (même si là encore on peut discuter des effets négatifs par exemple sur l’environnement, ce qui ferait l’objet d’un autre débat) mais de savoir comment ce progrès peut émerger, sans avoir à mettre les individus les uns contre les autres.
Concrètement, les entreprises peuvent-elles être efficaces sans rechercher à tout prix la hausse de leur compétitivité vis-à-vis des autres. Comment éviter les conséquences désastreuses que peut entrainer cette recherche de compétitivité : baisse des rémunérations et des conditions de travail, pression, stress, burn out, problème de santé… dans l’entreprise, et même plus largement : surconsommation, obsolescence programmée, surenchère dans les budgets de publicité…
La seule motivation pour un entrepreneur est ’elle de s’enrichir ? Le but de l’entreprise est ’il de rémunérer le plus possible son créateur ou d’être simplement utile à la collectivité ? L’un peut ’il aller sans l’autre ?
Les entreprises les plus efficaces ne sont ’elles pas celles qui permettent de rémunérer correctement (sans excès à la baisse comme à la hausse) ses différentes parties prenantes (entrepreneurs, salariés, fournisseurs,…) et de satisfaire la demande en biens et services qu’elle produit au prix juste, sans forcément avoir besoin de rechercher impérativement le profit.
Mais si on enlève toute idée de profit, qui prendra le risque d’entreprendre ? Car le profit compense surtout la prise de risque lié à la création de l’entreprise : on a investi gros, donc on veut que ça rapporte gros. Quel serait l’intérêt d’investir pour créer sa société et d’être payé au même montant (ou à peu près) que ses salariés qui n’ont pas pris ce risque ?
Peut-être est-ce le facteur risque qu’il faut justement neutraliser. Mais comment ?
Déjà le fait d’être dans un environnement sans concurrence peut aider : le risque de voir son entreprise liquidée est plus minime, car par principe, l’entreprise serait créée pour satisfaire une demande spécifique sans qu’il n’y ait d’autres entreprises qui chercheraient à lui piquer ses parts de marché. Elle agirait en monopole.
Le risque pourrait être réduit tout simplement en le partageant avec le plus grand nombre : il n’y aurait pas un patron tout puissant mais des patrons. On peut même imaginer que l’ensemble des salariés (voir des clients) soient tous des entrepreneurs et participent à l’effort d’investissement de départ.
L’État pourrait aussi, par son action, diminuer le risque des entrepreneurs, en leurs offrant des garanties.
Le problème majeur resterait celui de l’innovation et l'allocation optimale des ressources: comment faire pour pousser les entreprises à créer de nouveaux biens et services plus performants quand leurs buts est de répondre à une demande déjà existante. Comment créer des innovations quand l’entreprise n’est plus obligée de gagner de nouvelles parts de marché par des stratégies de différenciation des biens et susciter de nouveaux besoins ?
Là encore peut être est ce à l’État de prendre le relais en fournissant un service public de recherche et développement encore plus poussé que ce qu’il n’est aujourd’hui, ce qui permettrait également d’orienter les recherches et le progrès dans un sens souhaitable par le plus grand nombre.
Par ailleurs, dans un monde où le travail –subit- ne serait plus aussi prépondérant, le temps libre et le sens de la curiosité des individus encouragerait certainement la création.
Ci-dessous quelques extraits du livre « repenser le modèle social – 8 nouvelles questions d’économie » de Philippe Askenazy, Daniel Cohen et Claudia Senik, concernant le sous chapitre « la libéralisation est-elle gage de croissance ? ». Ils ne cherchent pas à refaire le monde mais s’interrogent sur les effets de la réglementation étatique par rapport à ceux de la concurrence « pure et parfaite »:
(j'ai mis les scans dans une balise spoiler pour pas trop charger le post; donc il vous suffit de cliquer sur spoiler pour afficher les scans et recliquer pour les cacher)
Cependant, le libéralisme est jugé comme étant la seule solution permettant la pleine efficacité de notre économie. Seules la concurrence et la compétition entre les individus permettrait l’innovation, le progrès et la croissance tant recherchée. Je pense que nous devons essayer de réfléchir à un autre modèle qui permet l’efficacité, le progrès, le bien-être, sans que les individus soient systématiquement mis en compétition, sans que les uns doivent écraser les autres pour réussir, et donc sans avoir quelques gagnants et beaucoup de perdants.
Bien que l’on puisse se poser la question de la pertinence de l’objectif « toujours plus de croissance » (qui peut faire l’objet d’un autre sujet), je pense que les innovations sont sources de prospérité, que ce soit dans la médecine, la communication,etc. La question n’est donc pas de remettre en cause le progrès technique (même si là encore on peut discuter des effets négatifs par exemple sur l’environnement, ce qui ferait l’objet d’un autre débat) mais de savoir comment ce progrès peut émerger, sans avoir à mettre les individus les uns contre les autres.
Concrètement, les entreprises peuvent-elles être efficaces sans rechercher à tout prix la hausse de leur compétitivité vis-à-vis des autres. Comment éviter les conséquences désastreuses que peut entrainer cette recherche de compétitivité : baisse des rémunérations et des conditions de travail, pression, stress, burn out, problème de santé… dans l’entreprise, et même plus largement : surconsommation, obsolescence programmée, surenchère dans les budgets de publicité…
La seule motivation pour un entrepreneur est ’elle de s’enrichir ? Le but de l’entreprise est ’il de rémunérer le plus possible son créateur ou d’être simplement utile à la collectivité ? L’un peut ’il aller sans l’autre ?
Les entreprises les plus efficaces ne sont ’elles pas celles qui permettent de rémunérer correctement (sans excès à la baisse comme à la hausse) ses différentes parties prenantes (entrepreneurs, salariés, fournisseurs,…) et de satisfaire la demande en biens et services qu’elle produit au prix juste, sans forcément avoir besoin de rechercher impérativement le profit.
Mais si on enlève toute idée de profit, qui prendra le risque d’entreprendre ? Car le profit compense surtout la prise de risque lié à la création de l’entreprise : on a investi gros, donc on veut que ça rapporte gros. Quel serait l’intérêt d’investir pour créer sa société et d’être payé au même montant (ou à peu près) que ses salariés qui n’ont pas pris ce risque ?
Peut-être est-ce le facteur risque qu’il faut justement neutraliser. Mais comment ?
Déjà le fait d’être dans un environnement sans concurrence peut aider : le risque de voir son entreprise liquidée est plus minime, car par principe, l’entreprise serait créée pour satisfaire une demande spécifique sans qu’il n’y ait d’autres entreprises qui chercheraient à lui piquer ses parts de marché. Elle agirait en monopole.
Le risque pourrait être réduit tout simplement en le partageant avec le plus grand nombre : il n’y aurait pas un patron tout puissant mais des patrons. On peut même imaginer que l’ensemble des salariés (voir des clients) soient tous des entrepreneurs et participent à l’effort d’investissement de départ.
L’État pourrait aussi, par son action, diminuer le risque des entrepreneurs, en leurs offrant des garanties.
Le problème majeur resterait celui de l’innovation et l'allocation optimale des ressources: comment faire pour pousser les entreprises à créer de nouveaux biens et services plus performants quand leurs buts est de répondre à une demande déjà existante. Comment créer des innovations quand l’entreprise n’est plus obligée de gagner de nouvelles parts de marché par des stratégies de différenciation des biens et susciter de nouveaux besoins ?
Là encore peut être est ce à l’État de prendre le relais en fournissant un service public de recherche et développement encore plus poussé que ce qu’il n’est aujourd’hui, ce qui permettrait également d’orienter les recherches et le progrès dans un sens souhaitable par le plus grand nombre.
Par ailleurs, dans un monde où le travail –subit- ne serait plus aussi prépondérant, le temps libre et le sens de la curiosité des individus encouragerait certainement la création.
Ci-dessous quelques extraits du livre « repenser le modèle social – 8 nouvelles questions d’économie » de Philippe Askenazy, Daniel Cohen et Claudia Senik, concernant le sous chapitre « la libéralisation est-elle gage de croissance ? ». Ils ne cherchent pas à refaire le monde mais s’interrogent sur les effets de la réglementation étatique par rapport à ceux de la concurrence « pure et parfaite »:
(j'ai mis les scans dans une balise spoiler pour pas trop charger le post; donc il vous suffit de cliquer sur spoiler pour afficher les scans et recliquer pour les cacher)
- Spoiler:
- Guy Schurtz
- Messages : 24
Date d'inscription : 22/10/2017
Re: Le libéralisme
Mar 14 Nov - 12:56
merci du billet, Sophie, mais chaque paragraphe pose une question de fond. Pour alimenter le débat, je suggère quelques bouquins que j'ai lus récemment et qui m'ont nourri :
"L'imposture Economique" (ed les liens qui libèrent), d'Eric Berr, un bordelais. Sur l'enfumage de l'idéologie libérale
"Voyage en Misarchie", d'Emmanuel Doqués : fiction utopiste sympa à lire, avec beaucoup d'idées sur le régime de la propriété et des entreprises
"Lettre à mes enfants et aux enfants du monde à venir" (ed Cherche Midi), de Raoul Vaneigem, sorte de manifeste pour un humanisme radical.
"Tout doit Changer de Naomi Klein", longue analyse politique et économique de l'effondrement écologique en cours.
Pourquoi pas se constituer une petite bibliothèque commune et fonctionner façon club de lecture, peut être par thèmes ?
"L'imposture Economique" (ed les liens qui libèrent), d'Eric Berr, un bordelais. Sur l'enfumage de l'idéologie libérale
"Voyage en Misarchie", d'Emmanuel Doqués : fiction utopiste sympa à lire, avec beaucoup d'idées sur le régime de la propriété et des entreprises
"Lettre à mes enfants et aux enfants du monde à venir" (ed Cherche Midi), de Raoul Vaneigem, sorte de manifeste pour un humanisme radical.
"Tout doit Changer de Naomi Klein", longue analyse politique et économique de l'effondrement écologique en cours.
Pourquoi pas se constituer une petite bibliothèque commune et fonctionner façon club de lecture, peut être par thèmes ?
Re: Le libéralisme
Mar 14 Nov - 19:23
Merci Guy pour toutes ces références de livres. En effet, il pourrait être intéressant de constituer une bibliothèque commune!
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